[From introduction:]
Au cours d'un séjour fait, cet été, au laboratoire Arago à Banyuls, j'ai eu l'occasion de faire trois pêches pélagiques nocturnes à la lumière. L'examen du produit de ces trois pêches m'a montré l'excellence du procédé que je vais décrire brièvement. Le dispositif de la lampe et le procédé de pêche ont été conçus par M. J.-R. DENIS, chef des travaux au laboratoire Arago. La lampe électrique, d'une capacité lumineuse de 100 bougies, est immergée dans la mer sous 50 centimètres à 1
m,50 d'eau. Elle est protégée par un globe de verre hermétiquement luté et soutenue par un tube métallique contenant les fils électriques. Cette lampe est alimentée par une batterie d'accumulateurs. La pêche elle-même se fait à l'aide d'une forte pompe aspirante et refoulante en rapport avec un large tuyau de caoutchouc dont l'extrémité libre est approchée de la lumière à l'aide d'une perche solidaire du tuyau. L'eau ainsi pompée — et contenant les animaux pélagiques — est refoulée dans un sac de soie à bluter faisant filtre. Ce procédé de pêche à la pompe a été utilisé les 25 et 29 juillet. Le 8 août, nous avons remplacé la pompe par un filet à plancton d'une ouverture de 1 mètre de diamètre environ et suspendu verticalement au-dessous de la lumière. Le filet est amené verticalement à la surface, entourant ainsi la lampe, lorsque l'essaim des animaux attirés par la lumière est jugé suffisamment dense. Je ne puis décider lequel des procédés a donné les meilleurs résultats. La méthode à la pompe ne nécessite pas une manoeuvre aussi compliquée, mais le procédé au filet semble plus fructueux et a l'avantage de ne pas exiger l'installation d'une pompe. Ces trois pêches m'ont procuré un abondant matériel, dont je n'ai pu, malheureusement, étudier qu'une petite partie, la presque totalité des Annélides étant déjà mortes le lendemain soir, quoique maintenues dans de grands bocaux recouverts de soie à bluter constamment arrosés d'eau courante. Néanmoins, les quelques formes étudiées en détail m'ont conduit à une série de constatations intéressantes et m'ont permis d'étendre la notion d'épitoquie à des espèces ou familles nouvelles. Les trois pêches ont été effectuées à peu de jours d'intervalle et exactement à la même place (le bateau étant fixé à un corps mort à une centaine de mètres au large du vivier du laboratoire), malgré cela, la faune s'est montrée assez différente d'une fois à l'autre, si l'on en excepte cependant les formes hétéronéréidiennes de Lycoridiens (
Platynereis dumerilii Audouin et Edwards, très abondants, et
Nereis rava Ehlers, plus rares) et le
Polyophthalmus pictus Dujardin en pleine maturité sexuelle et abondant surtout dans les pêches des 25 et 29 juillet 1932.
Je tiens à remercier ici M. le professeur O. DUBOSCQ, qui a mis, comme toujours, les moyens du laboratoire Arago si largement à ma disposition, ainsi que M. J.-R. DENIS, qui a bien voulu m'accompagner dans nos pêches pélagiques. M. le professeur E. GUYÉNOT a eu l'obligeance de relire ce mémoire.
